
Participez à l’opération Photo-Poème#12
Découvrir le chemin poétique proposé par Dorothée Volut.
Ce chemin se compose de 5 éléments, boussole pour avancer.
D’abord une lettre qui est adressée aux enfants, appel au rassemblement, à la mobilisation poétique intérieure et collective.
Puis 4 extraits choisis et proposés par Dorothée elle-même pour entrer à pas de velours dans son univers.
Les savourer, un par un, tous et chacun, grâce à une première lecture à haute-voix ou silencieuse, tous ensemble ou individuellement, faite par les enseignants ou les enfants. Selon les envies, les possibles. Ne pas se limiter.
Les afficher dans la classe, peut-être par dévoilement progressif (chaque jour un nouveau vers, un nouveau paragraphe, un nouvel extrait, ou par un jeu de cache-fenêtres à ouvrir, comme un calendrier poétique).
Les retrouver dans les recueils de Dorothée Volut, pour les lire et les découvrir tout entier, et peut-être en découvrir de nouveaux.
A la lecture, yeux fermés, chaque élève fait sa moisson de mots à partir des 4 extraits proposés : il capture, récolte le ou les mots qu’il préfère dans ses sonorités, ce que ces mots lui évoquent, qu’il en connaisse ou non le sens.
Les extraits de poème sont répartis entre tous les élèves, chacun lit/dit un vers ou une partie d’un vers, on reconstitue les extraits des poèmes en dansant une farandole où chacun trouve sa place. Puis on « glisse » en reprenant le vers de celui ou celle qui énonce juste avant soi. Par groupes les élèves « prennent en charge » un fragment du poème et créent une façon de le dire, dans l’espace. En danse, en dessin : on calligraphie en dansant les mots favoris,
Ce qui importe est une appropriation sensible et collective (pas une explication rationnelle par le professeur), pour que le Poème devienne l’invité de la classe… Vous aurez beaucoup d’autres idées sans doute…
« Une lettre ? A des personnes que je ne connais pas?
Et des enfants, en plus ? Oh la belle aventure ! »
J’ai toujours aimé écrire des lettres – je veux dire : pas seulement celles de l’alphabet A B C D E F G H, que je passais des heures à décorer avec mes crayons et mes feutres quand j’avais 5 ou 6 ans. D’ailleurs c’est drôle, tu entends ? Lettre et lettre, c’est le même mot. Bizarre bizarre. Comme un chemin qui soudain aurait fait jaillir sous ma langue deux autres chemins : lequel des deux aimerais-tu suivre, toi? Mais – ohlala, où vais-je? Je n’ai même pas commencé cette lettre que me voici déjà perdue. Ai-je pris les mots dans le mauvais sens ? à moins que l’on ne soit déjà arrivés sur le GR Poésie. GR, ça veut dire Grande Randonnée, parce qu’écrire et parler, ça fait pousser des paysages autour de nous. Tiens, et si tu prenais le temps, là maintenant - oui tout de suite là - de regarder autour de toi. Que vois-tu ?
Bon allez, je recommence tout à zéro : chères enfantes, chers enfants,
J’aime écrire des lettres et des lettres et celle-ci s’adresse à toi, à toi, à toi et encore à toi. C’est sans doute la joie de nos futures rencontres qui m’aura fait perdre la tête, puisque me voici invitée à être pour une année votre « Marraine Poésie ». Oui oui, pour une année nous ferons partie de la même famille, chères filleules et chers filleuls ! Quoi ? Une famille de poètes : mais qu’est-ce que c’est que ça encore ?
Bon, comme tu l’entends, j’aime jouer avec les mots, les sons et les sens qu’ils asticotent. Depuis que je suis toute petite, les mots écrits ou prononcés ont toujours joué une musique qui faisait naitre dans mon corps toutes sortes de sensations et d’images. Parfois la musique était douce, parfois elle était plus forte ; parfois les mots déclenchaient un orage, parfois ils m’emmènaient à une fête ; parfois ils avaient le visage d’un matin tranquille, parfois le parfum d’un sapin de noël. Les mots, c’est plus fort que moi : je peux pas faire autrement. D’ailleurs, un jour que j’écrivais des choses un peu inhabituelles comme celles-là, quelqu’un m’a dit : « Oh, mais tu écris de la poésie, Dorothée. » J’ai dit : « D’accord, je veux bien être poète. »
Je veux bien habiter un pays où les mots disent à ma place ce qu’ils savent mieux que moi. Je veux bien laisser mon coeur parler avec eux quand bon leur semble. Je veux bien qu’ils m’emmènent sur un chemin que je ne connais pas. Je veux bien être joyeuse un jour et triste le lendemain, si les mots me promettent d’être toujours là, à mes côtés. Je veux bien rire et chanter avec les mots. Je veux bien ne plus rien comprendre parfois, et continuer. Je veux bien continuer, même avec un seul mot. Je veux bien me laisser surprendre par les phrases et crier « Par ici la poésie ! ». Je veux bien faire entendre ma voix et écouter celles des autres. Oui, je veux bien être poète avec toi, pour une année ou toute la vie, c’est comme tu voudras. Parce que de toute façon sur le GR Poésie, c’est toi qui chemines, c’est toi qui chemineras, et toujours à ton rythme.
Avec quelques-uns de mes poèmes glissés dans ton sac-à-dos ou murmurés à ton oreille, je me sens honorée de pouvoir marcher un peu à tes côtés,
Dorothée Volut
les 4 extraits proposés et choisis par Dorothée
parmi ses poèmes
Un extrait d’Alphabet, Eric Pesty Editeur
Si je me repliais sur moi-même, mon oeil droit
viendrait toucher mon oeil gauche, ma main droite
ma main gauche, mon pied droit mon pied gauche.
Je serais comme ces petits bonshommes en papier
découpé dont on fait des guirlandes pour figurer
des farandoles de danseurs. A la fin qui me mettra
un châle sur les épaules et conduira la charrette ?
Un extrait de Lettres Pauvres, édité par Le Centre de Création pour l’Enfance
Aujourd'hui, j'ai tracé le mot
poésie avec mon doigt sur un pare-brise
dans le givre matinal
Plus loin,
j'ai entendu quelqu'un qui grattait
pour arracher la page.
Le visage des enfants, comme ça,
à quelques centimètres du tien,
qui te dit – le visage –, très lentement :
"je veux ajouter quelque chose"
, je fais le scribe ça me suffit.
Si je pouvais ne faire que ça
et qu'on me dise ce que je dois écrire
Je resterais bien assise sur ma petite chaise en bois
avec le feutre et le carnet
et qu'on me dicte la vie telle qu'elle est : vraie.
Avec ses mots très simples
très rouges très bleus très jaunes
ses mots primaires, comme le fut la forêt.
Lettres simples comme
triangle, rond, carré
hêtre, chêne, marronnier.
[…]
Un poème, publié dans la Revue Va
Dans ma poitrine verte
il pousse des routes
J’ouvre la porte qui me traverse
une caravane y entre,
tout un champ d’herbes se dénoue
Au sens respiratoire : une symétrie profonde.
On touche une cloche, ça sonne
un petit oeuf fraîchement pondu
Un panier rempli d’eau se pose
devant un arbre à demi-nu
Parce qu’on est né au même endroit,
on danse
Une racine qui ne s’en va pas
diminue la distance
entre les branches et moi.
Extrait de Dans tes yeux, édité par L’Atelier des Noyers
[...]
Dans tes yeux je vois la paix des questions-réponses
étendue dans le hamac de tes grands cils
*
Dans tes yeux je vois astres et planètes
je me mets sur orbite
m’accroche à tes comètes
*
Dans tes billes, ça brille
*
Dans tes yeux A B C D
E F G H I J K
L
M N O
P Q R S T
U
V
W
X Y
Z dans tes yeux, à chaque minute, le monde s’écrit
[...]
Mais aussi ...
... les textes de sa bibliographie :
On peut jouer avec le jeu de cartes de Matière à poèmes,
édité par le Centre de Création pour l'Enfance (2023)
On peut tourner les pages de Dans tes yeux (L'Atelier des Noyers 2022),
de Lettres pauvres (collection Petit Va! 2017), d'Alphabet (Eric Pesty Editeur 2008),
mais on peut aussi oser déplier et partager
la lettre géante de L’écriture m’a donné une enveloppe (Éd.Contre-Mur 2011) …
...les vidéos proposées par le Centre de créations pour l'enfance - Maison de la Poésie - Tinqueux (51), à regarder et écouter :
Créer le Photo-Poème
de la classe
Il est possible de s’inscrire dès aujourd’hui, et de déposer sa photo jusqu’au 28 mars 2025.
- La classe s’achemine vers une photo unique.
- C’est donc à la classe de s’organiser pour un projet commun et partagé, coopératif (non non, on n’organise pas un concours de classe pour choisir la plus belle photo individuelle ! ...).
- La photo peut être une « saisie » de la réalité ou la photographie d’une création (une création plastique en volume, une scène de théâtre-image, une installation, une accumulation, un détail agrandi...).
- Ce n’est pas forcément une « illustration » au sens conventionnel, qui redirait en dessin exactement la même chose que ce que disent les mots du poète...
- Plutôt donc un écho, une correspondance visuelle, une résonance : les images que cela déclenche en nous, sur un mode sensoriel et sensible...
- Puisez dans vos captures de mots, dans vos gestes dansés, dans les mises en voix collectives...
- Et peut-être que votre Photo-Poème, sera en noir et blanc, ou de bien d’autres couleurs...
Recommandations pour la photographie
Sont à proscrire ou à éviter :
- l’envoi d’une photographie qui existe déjà, et la présence de personnes reconnaissables sur la photo -d’un l’un ou l’autre des cas, pour des questions de droit à l’image...
- de simples dessins illustratifs individuels, ou leur montage photographique.
RÊVEZ, DISCUTEZ, IMAGINEZ, EXPÉRIMENTEZ,
de toutes façons, le Photo-Poème que vous allez réussir sera celui qui convient le mieux à la classe,
nous le recevrons avec plaisir, et il viendra prendre sa part à la grande mosaïque finale.